Le choix de l’emplacement du futur lycée se porte sur
un terrain situé le long du boulevard reliant Roubaix
à Tourcoing. Cette voie de communication récente, large
et rectiligne, convient parfaitement au projet souhaité
par la municipalité. Le lillois Carlos BATTEUR, prix
de Rome et ancien élève des Beaux–Arts, est désigné
comme architecte. Le 4 novembre 1883, la cérémonie de
la pose de la première pierre se déroule en présence
du Ministre de l’Intérieur WALDECK–ROUSSEAU. La ville
de Tourcoing entend fêter dignement cet événement. En
moins de deux ans les travaux sont menés à terme. Le
résultat est imposant. La façade du lycée s’étend sur
plus de cent quarante mètres de long. Le mélange de
briques cuites et de pierre adoucit le côté "caserne"
du bâtiment. Sur la partie centrale, deux médaillons
en pierre évoquent les allégories de l’industrie et
du commerce. Douze autres médaillons en terre cuite,
reproduisant des personnages tel Lavoisier, Papin et
Montgolfier, célèbrent les sciences et les techniques.
Le 11 octobre 1885, le lycée ouvre ses portes. Pour
la première rentrée, on compte déjà 107 élèves. En 1865, le ministre de l’Instruction Publique Victor
DURUY fait voter une loi sur la création d’un enseignement
secondaire spécial de courte durée destiné à former
les "sous–officiers de l’industrie". La scolarité dure
quatre ans et débouche directement sur la vie active.
Par opposition à l’enseignement traditionnel reposant
sur les "Humanités", l’enseignement spécial est adapté
aux besoins de la société industrielle de l’époque.
Il privilégie une formation scientifique à base de mathématiques,
physique, chimie et sciences–naturelles. Des cours de
comptabilité, de droit commercial et d’économie agricole
sont également dispensés. L’enseignement des langues
vivantes fait l’objet de soins attentifs parce que la
connaissance de l’anglais et de l’allemand est nécessaire
pour développer les échanges commerciaux avec les partenaires
étrangers. Le premier lycée d’enseignement spécial est
ouvert en 1866 à Mont–de–Marsan. En 1882, le baccalauréat ès manufactures est créé.
Désormais les études durent cinq ans. Les débuts sont
difficiles. La formation est délaissée par la bourgeoisie
tourquennoise qui lui préfère un enseignement classique.
Ses détracteurs vont même jusqu’à comparer le lycée
Gambetta à une "classe d’épiciers". Peu à peu, les
différences entre les baccalauréats ès lettres, ès sciences
et ès manufactures s’atténuent. En 1891, le Ministre de l’Instruction Publique Léon
BOURGEOIS remplace le nom d’enseignement spécial par
celui d’enseignement moderne. Enfin, en 1902, l’enseignement
secondaire réalise son unité.