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    Le bureau de bienfaisance

    Bureau de bienfaisance de Tourcoing, carte postale, sans date.
    Archives municipales de Tourcoing, série Fi supplément.

    Héritiers des bureaux de charité de l'Ancien Régime, les bureaux de bienfaisance créés dans chaque commune à la Révolution sont chargés de la distribution des secours à domicile. Les aides sont délivrées en nature : vivres, linge, médicaments, combustibles… Ils jouent un rôle essentiel dans la mise en application des lois d'assistance obligatoire, notamment aux vieillards, infirmes et incurables ainsi qu’aux familles nombreuses. Ils prennent le nom de bureau d'aide sociale en 1953.

    Celui de Tourcoing est situé à l’origine dans les locaux de l’hôpital, rue Nationale. En 1890, la municipalité à l’instigation de Gustave Dron prend la décision d’agrandir l’établissement hospitalier. Pour cela, elle souhaite que tous les locaux soient disponibles pour le projet. Le Bureau de bienfaisance est donc installé provisoirement dans un autre bâtiment. On propose une école désaffectée place Roussel. La commission administrative qui gère l’institution charitable refuse. Un particulier cède à la mairie un immeuble avec un vaste jardin contigu à l’ancien Bureau de bienfaisance qui s’y installe. Dès 1891, des bâtiments spécifiques sont construits par l’architecte Louis Leroux sur un terrain rue du Collège. L’inauguration a lieu le 18 septembre 1892 en même temps que les fêtes organisées pour le centenaire de la République.

    Placé sous la direction des Hospices, le Bureau de bienfaisance est administré par une commission de 10 membres qui organise le service et nomme les agents. En plus de la subsistance, il aide également les familles dans le besoin à se soigner en proposant des consultations et des soins gratuits. Une pharmacie moderne et un  laboratoire d’analyse sont installés dans les sous-sols. Le pain est fabriqué directement par sa propre boulangerie. Gustave Dron, soucieux de préserver la dignité des personnes, obtient dès 1893 que la distribution de pain se fasse à domicile à l’aide d’un véhicule non siglé. Des repas sont quotidiennement servis aux personnes âgées dans le besoin.

    L'hospice et les personnes âgées

    L'hospice général de Tourcoing, carte postale, sans date.
    Archives municipales de Tourcoing, série Fi supplément.

    Gustave Dron est un fervent partisan du secours à domicile même pour les personnes âgées. Il n’est pas suivi en cela par la commission des Hospices qui lui oppose des motifs d’ordre budgétaire. Elle reproche au projet d’entrer en concurrence avec les secours à domicile du Bureau de bienfaisance. Gustave Dron met en avant non seulement la dignité des personnes mais aussi les économies possibles grâce au maintien à domicile. En 1892, il obtient gain de cause.

    De facultative, l’assistance aux vieillards et aux incurables devient obligatoire pour les communes et les départements. En effet, tout Français privé de ressources et incapable de subvenir par le travail aux nécessités de l’existence, qu’il soit âgé de plus de 70 ans ou atteint d’une infirmité ou d’une maladie incurable, peut bénéficier des dispositions de la loi du 14 juillet 1905. Les bureaux de bienfaisance et les établissements hospitaliers sont tenus de consacrer une part des ressources affectées à l’assistance des vieillards et des infirmes à l’exécution de cette loi. Par contre celle-ci ne fait aucune différence entre la vieillesse, l’infirmité et l’incurabilité.

    Ainsi les hospices sont tenus de recevoir gratuitement les bénéficiaires de l’assistance obligatoire. Le bureau institué par la loi prépare la liste des indigents remplissant les conditions requises. Le conseil municipal prononce l’admission des personnes proposées et décide si l’assistance aura lieu au domicile ou dans un établissement. La loi entre en application le 1er janvier 1907.

    Les vieux ménages

    Les bâtiments destinés aux logements des vieux ménages sont aménagés en 1897 dans l’ancien asile maternel. Les contraintes financières ne permettent pas la construction d’un nouvel immeuble, mais Gustave Dron a déjà dressé les plans des futures extensions. On crée 14 chambres meublées, séparées par un couloir central et une grande salle de réunion. On fait attention à ce qu’il n’y ait aucune marche. L’entretien et la nourriture sont assurés par du personnel municipal. La porte d’entrée et le logement du concierge s’ouvrent sur la rue de Roubaix. Les demandes d’admission sont nombreuses. Les premiers occupants prennent possession des locaux le 1er juin 1897. C’est Gustave Dron en personne qui leur souhaite la bienvenue et préside le tirage au sort permettant l’attribution des chambres.

    L’inauguration en présence du maire a lieu le 3 octobre suivant. Dans son allocution, en tant que vice-président des Hospices, il souligne toute l’innovation et le modernisme de cette nouvelle forme d’assistance aux vieillards : « […] Petit à petit, la conception du devoir social se précise, refoulant les exigences de l’égoïsme individuel et remédiant aux maux engendrés par les excès de la lutte pour la vie […] ». En 1900, les locaux sont modernisés et agrandis : une salle de réunion et une salle de bains sont ajoutés.

    En 1922, les Hospices de Tourcoing toujours présidés par Gustave Dron entreprennent la construction d’une maison de retraite, rue Soufflot à Tourcoing. Il souhaite offrir un logement décent aux personnes âgées à faible revenu sans qu’elles aient à se considérer comme des indigents. L’établissement comprend 80 petits appartements modernes de trois pièces. Des ascenseurs desservent les quatre étages. La blanchisserie et les repas sont assurés par les Hospices.

    Malgré tout, pour Gustave Dron, c’est le secours à domicile qui doit être privilégié. Il voit dans une offre de placement trop importante la dislocation du lien familial et de la notion d’entraide inter-générationnelle. Il convient donc de pouvoir verser aux vieillards une pension qui leur permette, suivant leur état de santé, de rester au domicile.

    Les aliénés

    Lettre du médecin chef de l'asile public d'aliénés d'Armentières à Gustave Dron, alors président de la commission administrative de cet établissement, 11 juin 1904.
    Archives municipales de Tourcoing, 3AS150.

    L’aliéné acquiert progressivement, depuis la Révolution, le statut de malade. D’abord sujet d’exclusion, il devient un patient dont on se préoccupe et un individu ayant des droits et à qui l’on doit protection. Depuis longtemps, ce sont les communautés religieuses qui prennent en charge les malades. La loi de 1838 va médicaliser et étendre à tout le territoire le traitement des faits de "folies". Elle place tous les établissements privés sous l’autorité publique et oblige chaque département à créer son propre asile pour aliénés. Elle instaure le concept d’internement contrôlé mais également la mise en place d’atelier protégés et rémunérés. Il faut pourtant attendre la fin du Second Empire pour que cette loi soit vraiment appliquée

    Le département du Nord possède deux asiles : Bailleul, réservé aux femmes et Armentières pour les hommes. L’établissement de Bailleul est créé en 1863 afin de remplacer celui situé dans le centre de Lille. Celui d’Armentières beaucoup plus ancien date de 1615. C’est le préfet qui nomme le médecin-directeur sur proposition du président de la commission de surveillance administrative. On en confie la gestion à la commission administrative des Hospices des villes dont ils dépendent. Gustave Dron entre en 1889 à la commission de surveillance administrative des asiles départementaux de Bailleul et d’Armentières dont il devient le président en 1905.

    Suite à l’achat des bâtiments du couvent des Bernardines à Esquermes, dans les faubourgs de la ville de Lille en 1906 par le Conseil Général, le préfet ainsi que le doyen de la faculté de médecine de Lille proposent au conseil général la création d’un asile-clinique dans ces locaux. Cet établissement est destiné à accueillir des cas moins lourds et à permettre également aux étudiants en médecine de se former aux contacts des malades ; les troubles mentaux n’étant pas étudiés systématiquement en faculté. Le doyen en profite pour demander que l’asile d’Esquermes devienne un centre de triage comme l’infirmerie spéciale de Sainte Anne à Paris qui permet l’observation spécifique du malade et la prescription de soins ou d’un internement. Gustave Dron en sa qualité de président se sent attaqué et réagi vivement en refusant la création de cette structure. Il remet au Conseil général en août 1907 un rapport argumenté. Pour lui, les capacités et les méthodes mises en œuvre dans les asiles départementaux sont suffisantes et il s’oppose à la création de ce nouvel établissement de soins. Malgré son désaccord, la clinique est ouverte en 1912.

    Durant la Première Guerre mondiale, le Conseil général et Gustave Dron décident de regrouper les malades d’Armentières et de Bailleul à Esquermes. Au sortir du conflit, il s’attache à la réorganisation des asiles. Il souhaite que des travaux soient rapidement entrepris pour permettre la réouverture des structures d’accueil et le rapatriement des malades exilés à Bordeaux.

    La mutualité

    Les découvertes scientifiques qui se multiplient depuis le milieu du XIXème siècle rendent la pratique des soins de plus en plus efficace et entraînent la naissance d’une médecine préventive collective et autoritaire. La reconnaissance du droit à la santé dans la constitution oblige l’État à définir une politique sanitaire et à dégager les crédits permettant de la mener à bien. Devant cette médecine de plus en plus onéreuse et afin de pallier la pauvreté d’une partie de la population, les autorités doivent créer ou encourager divers systèmes d’assurance.

    Les premières mutuelles se développent avec la révolution industrielle, vers 1820. Malgré la loi Le Chapelier (1791) qui interdit toute "coalition", le monde du travail n’est autorisé à s’organiser que dans le cadre des sociétés de secours mutuels. Elles prennent en charge obsèques et maladies. Napoléon III encourage ce type d’association dans un but social. Ces "sociétés approuvées" bénéficient de nombreux avantages, mais elles sont dirigées par des notables proches du régime. Elles recrutent uniquement dans la commune. Elles n’ont pas le droit de se regrouper en fédération ; les débats politiques y sont interdits. Cette "mutualité impériale" représente un instrument de contrôle social des riches sur les pauvres, mais elles contribuent quant même à la médicalisation du pays.

    Sous la IIIème république, les sociétés mutualistes s’inspirent directement du "Solidarisme" de Léon Bourgeois. C’est ce dernier qui crée la Charte de la mutualité en 1898. Les mutualités peuvent maintenant développer librement leurs activités, pourvu qu’elles soient bien gérées, et se regrouper à tous les niveaux. Gustave Dron est un fervent défenseur de la mutualisation des moyens en matière de soins et de protection sociale.

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