• Un homme, une époque
  • Un Républicain engagé
  • Guérir est bien prévenir est mieux
  • Protéger la mère et le nourrisson
  • Eduquer et former l'enfant
  • Travail, sport et santé
  • Encadrer le travailleur
  • Assister les plus faibles
  • Exposition 1906
  • La guerre 14-18
  • Un Républicain engagé

    Un Républicain engagé

    Gustave Dron commence sa carrière politique dix ans après la fin de la Commune, alors que la République est en train de se stabiliser. Dès ses premiers engagements en politique, il se positionne dans le camp républicain et considère la République : « …juste, tolérante et émancipatrice ». C’est un admirateur de Gambetta qui a été un temps inspecteur des enfants assistés du Nord. Pour Gustave Dron, Léon Gambetta est non seulement un républicain zélé mais aussi « […] un ardent citoyen dévoué à la grande œuvre d’émancipation préparant la chute de l’Empire […] ».

    Dès son arrivée à Tourcoing, Gustave Dron se rapproche des républicains dont le groupe est animé par son futur oncle par alliance Louis Leloir. Dans cette ville, la majorité républicaine appartient au groupe "opportuniste", c’est-à-dire qui gouverne en fonction des événements. Gustave Dron crée rapidement son propre groupe politique "La solidarité républicaine laïque et sociale" en référence à "La solidarité républicaine" fondée par Alexandre Ledru-Rollin (1807-1874). Ce député avait voulu des réformes économiques et sociales. Membre du gouvernement provisoire de 1848, il prônait le double droit d’assistance et de travail.

    Le risque, pour le groupe de Gustave Dron, est d'être de plus en plus débordé sur la gauche et rejeté au centre par les socialistes. À Tourcoing, Victor Capart puis Albert Inghels le mettent en danger lors de certaines élections. Plus à gauche et plus intransigeant notamment au niveau de la laïcité, Gustave Dron, se dirige rapidement vers le courant "radical". Il a beaucoup d’admiration pour Georges Clemenceau, chef de file de ce mouvement. Face à la cohérence doctrinale du socialisme marxiste, le radicalisme apparaît pourtant beaucoup moins structuré.

    L’unification des différentes composantes radicales devient nécessaire et explique la création en juin 1901, à Paris, du Parti républicain radical socialiste. Dès sa création Gustave Dron y adhère. Dans le programme de 1907, le parti radical se déclare résolument attaché au principe de la propriété individuelle dont il ne veut ni commencer ni même préparer la suppression tout en souhaitant lutter pour l'instauration de l'impôt sur le revenu, contre les monopoles capitalistes, pour la nationalisation des chemins de fer, pour un renforcement des lois d'assistance ouvrière, pour encourager le prolétariat à accéder à la propriété individuelle, "condition même de sa liberté et de sa dignité".

    Le Radicalisme possède une vision propre de l’organisation sociale et humaine fondée avant tout sur la primauté de l’individu. Sa profession de foi est constituée par cinq piliers : laïcité, solidarité, humanisme, tolérance et universalisme. Il prône une politique laïque et anticléricale, marquée par l’action du Président du Conseil Émile Combes (1902–1905) qui amène les lois de séparation de l’Église et de l’État adoptée après le rapport du député socialiste Aristide Briand.

    Face à la montée du socialisme révolutionnaire et à la popularisation des théories marxistes, les radicaux cherchent à se doter d’une véritable idéologie structurée à opposer aux doctrines marxistes. Les radicaux trouvent en Léon Bourgeois et son "Solidarisme" une orientation possible. En 1896, il reprend la notion de solidarité pour qualifier l’idéal républicain d’entraide. Avocat d’origine, Léon Bourgeois dirige en 1895 et 1896, le premier gouvernement entièrement radical. Il cherche à faire une synthèse entre le système libéral et le socialisme. Pour lui, plus l’homme se sent solidaire de la société plus il y est intégré. Les radicaux cherchent la socialisation de la personne contrairement aux socialistes de l’époque qui visent la socialisation des biens. Pour Léon Bourgeois « […] L'homme vivant dans la société, et ne pouvant vivre sans elle, est à toute heure un débiteur envers elle. Là est la base de ses devoirs, la charge de sa liberté […] L'obéissance au devoir social n'est que l'acceptation d'une charge en échange d'un profit. C'est la reconnaissance d'une dette […] ».L’homme naît avec une double dette sociale. Il doit rembourser, par son travail au sein de la société, la dette contractée pendant ses années de formation mais aussi apporter sa contribution au progrès. L’éducation tient aussi une place essentielle dans sa philosophie. Gustave Dron, compagnon de Léon Bourgeois, mène de nombreuses actions en sa compagnie. Ils partagent les mêmes idées. La référence à la solidarité est déjà présente dans l’intitulé du groupe politique créé par Gustave Dron. Pour lui, depuis son début en politique il s’agit de substituer la solidarité à la charité.

    En 1905, Gustave Dron intègre le "comité de conciliation internationale" au côté de Waldeck-Rousseau, Paul Strauss, Richard Weddington et Jean Jaurès. Ce groupe pacifiste a pour but premier l’éducation comme principal moyen d’éviter les guerres. Pour cela, il cherche à développer l’apprentissage des langues, l’accueil et les échanges. Gustave Dron est, avant la guerre, favorable à un rapprochement franco-allemand. En 1907, il fait partie de la représentation française de l’arbitrage international en compagnie de Paul d'Estournelles de Constant (Fondateur du comité de conciliation) et de Léon Bourgeois à la Conférence internationale pour la paix de La Haye. En 1910 Gustave Dron adhère, ainsi que l’abbé Lemire, à la fondation Carnegie pour la paix internationale. Andrew Carnegie défend le droit de ses ouvriers à se syndiquer tout en leur imposant de très dures conditions de travail. Il est persuadé que la plupart des gens peuvent faire fortune s’ils disposent de l’éducation nécessaire et en ont le courage. Mais il trouve nécessaire l’obligation de secours des riches pour les pauvres. Il finance la construction de 3 000 bibliothèques publiques qu’il offre à des collectivités locales. Convaincu de la valeur du droit international pour résoudre les conflits entre les nations, il finance la construction du Palais de la paix à La Haye, destiné à héberger la Cour internationale d’arbitrage. Lié au Parti républicain, il décide en 1910, à l’âge de 75 ans, de créer le Fonds Carnegie pour la paix internationale (Carnegie Endowment for International Peace – CEIP).

     

    « […] Le premier devoir de la République est de faire des républicains. Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit, un enfant, un adolescent, une jeune fille ; il faut prendre l’homme le plus inculte, le travailleur le plus accablé par l’excès du travail, et lui donner l’idée qu’il faut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité, et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef, quel qu’il soit, temporel ou spirituel. […] »
    F. Buisson, Discours au Congrès du Parti Radical, 1903.

    Les élections

    Affichage des résultats du premier tour des élections législatives, rue Saint-Jacques, le 8 mai 1898, photographie.
    Archives municipales de Tourcoing, fonds Odoux série Fi supplément.

    Lorsque Gustave Dron arrive à Tourcoing, en 1880, le maire conservateur Charles Roussel-Defontaine vient de mourir. C’est Désiré Debuchy, adjoint qui assure l’intérim. Quelques républicains siègent déjà au sein du conseil municipal : Louis Leloir, François Dervaux et Victor Hassebroucq. Ce dernier présente, avec succès, aux élections du 10 avril 1881, une liste composée de 22 républicains et de 10 conservateurs modérés. Victor Hassebroucq est nommé, par décret présidentiel, maire de Tourcoing (ce n’est qu’à partir du 5 avril 1884 que les conseils municipaux pourront élire leur maire). Louis Leloir, Fidèle Lehoucq et Edouard Sasselange sont nommés adjoints. C’est la première fois que la ville est dirigée par un maire républicain.

    Le 16 avril 1882, profitant du renouvellement d’un siège de conseiller municipal, Gustave Dron se porte candidat mais n’est pas élu. C’est sa première expérience électorale. Introduit par Léon Dewyn en 1880 à la commission d’inspection des logements insalubres, il se fait peu à peu une place au sein des républicains et des édiles locaux. Le 22 octobre 1882, le siège de conseiller général rendu vacant par le décès de Gaspard Desurmont est enlevé aux conservateurs par Fidèle Lehoucq.

    Lors des élections municipales du 4 mai 1884, Gustave Dron figure à nouveau sur la liste républicaine. Celle-ci est réélue et il peut maintenant s’investir pleinement au sein de l’assemblée municipale au coté de Léon Dewyn. Entre temps, Louis Leloir est devenu l’oncle et Fidèle Lehoucq un cousin par alliance de Gustave Dron. Ce dernier crée la Ligue républicaine (les partis politiques n’existent pas encore en tant que tels). Ce groupe est principalement composé de radicaux très attachés à la laïcité et aux principes républicains. La Ligue républicaine s’oppose en cela au courant modéré composant l’essentiel de la municipalité. Gustave Dron représente la génération montante, il a 28 ans, Louis Leloir en a 72 et Fidèle Lehoucq 53. Ce dernier malade, se démet de son mandat de conseiller général en février 1887. La Ligue républicaine choisit de présenter Gustave Dron à sa place. Son adversaire, François Masurel-Pollet est un républicain libéral catholique qui bénéficie du soutien des conservateurs. Il met en avant la compatibilité du régime républicain, le désir d’ordre moral et le respect des pratiques religieuses. Grâce aux suffrages des Tourquennois, Gustave Dron devient conseiller général du canton sud le 3 avril 1887. Il siège au sein de cette assemblée jusqu'en 1904, date à laquelle il choisit de ne pas se représenter.

    Le 6 mai 1888, en pleine crise boulangiste, ont lieu les élections municipales. Quatre listes sont en présence, dont pour la première fois, une liste socialiste avec à sa tête Victor Capart. Sont également représentés les républicains libéraux, la liste Indépendante et commerciale et enfin celle où figure Gustave Dron dite "opportuniste" composée de modérés et de radicaux. Le qualificatif d’"opportuniste" regroupe les proches de Jules Ferry et de Léon Gambetta qui souhaitent réaliser des réformes "opportunes" c’est-à-dire effectuées au moment opportun. Après une campagne très virulente, Fidèle Lehoucq et Gustave Dron sont réélus conseillers municipaux au premier tour et Victor Hassebroucq retrouve ses fonctions de maire.

    Afin de mettre un terme à l’épisode boulangiste, le gouvernement entreprend des réformes électorales. Il fait rétablir le scrutin d’arrondissement, interdire les candidatures multiples. L’arrondissement de Lille, très peuplé, est découpé en plusieurs circonscriptions. Les cantons sud et nord de Tourcoing composent la 6ème circonscription du Nord.

    En vue des législatives de 1889, les républicains souhaitent tout d’abord Fidèle Lehoucq comme candidat ; mais celui-ci malade n'a pas la force pour de telles responsabilités et propose Gustave Dron pour le remplacer. Face à lui, les conservateurs présentent Émile Barrois catholique intransigeant. Deux conceptions de la société s’opposent à travers les deux hommes. C’est à l’occasion de cette campagne électorale et afin de détourner les suffrages des républicains catholiques que l’on fait courir la rumeur infondée concernant l’appartenance de Gustave Dron à la franc-maçonnerie. Majoritaire à Tourcoing, Gustave Dron est en minorité dans les communes rurales environnantes (sauf Marcq-en-Baroeul). Le 22 septembre 1889, grâce à 154 voix de plus que son adversaire, Émile Barrois se croit élu. Les jours suivants, la Préfecture annonce les chiffres officiels : 12 voix seulement séparent les deux candidats, il n’y a donc pas majorité absolue ; un second tour est donc nécessaire. Gustave Dron l’emporte avec 197 voix de plus. Il devient, le 6 octobre 1886, le premier député républicain de Tourcoing.

    Afin de lutter contre les républicains lors de la campagne électorale de 1892, l’opposition conservatrice crée l’Union catholique qui porte tout particulièrement son action sur le plan religieux. À sa tête, Émile Barrois et le frère Flour. Pour rallier les républicains modérés et catholiques, Gustave Dron, délégué du canton sud, fait alliance avec François Masurel qui est élu, le 31 juillet 1892, conseiller général du canton Nord. Si le problème des républicains modérés semble résolu par le ralliement de François Masurel, Gustave Dron se trouve mis en péril électoralement sur sa gauche. En effet, lors des législatives de 1893, Delphin Dumortier, exclu de la  Ligue républicaine , est investi par le parti ouvrier. Lors du premier tour, le 20 août 1893, sa présence met Gustave Dron en difficulté. Si Delphin Dumortier se maintient au second tour, c’est l’Union catholique qui risque de prendre le siège de député. Gustave Dron persuade le parti ouvrier que leur combat est perdu d’avance et que le temps n’est pas encore venu pour un député socialiste. Delphin Dumortier se désiste alors en faveur de Gustave Dron qui retrouve donc son siège à la Chambre. Cette nouvelle alliance à gauche a pour conséquence la rupture avec François Masurel qui abandonne son siège de conseiller général, siège aussitôt enlevé par Émile Barrois, candidat conservateur, le 19 novembre 1893.

    La campagne des législatives de 1898 est précoce et particulièrement féroce. Son allié, François Masurel, représentant de la droite modéré, décédé, est remplacé par son cousin Albert Masurel plus conservateur. Sur la gauche , les socialistes présentent Georges Devraigne. Alors que l’affaire Dreyfus divise le pays, Gustave Dron convaincu de l’innocence du militaire est présenté comme un traître à la patrie. Sur les affiches, on peut lire « Voter pour Dron, c’est voter pour Zola ». On lui reproche également son alliance avec les socialistes aux précédentes élections «  Voter pour Dron c’est voter pour la révolution et le drapeau rouge ». À l’issue du 1er tour, le 8 mai 1898, Gustave Dron est mis en ballottage. Les votes des électeurs ruraux ont favorisé la droite. Malgré le retrait du candidat socialiste, Albert Masurel est élu avec 245 voix d’avance. Gustave Dron ne s’avoue pas vaincu. Mettant en avant des pressions subies par les électeurs de Linselles, il demande l’invalidation du scrutin et obtient gain de cause. Le 25 décembre, on retourne aux urnes. Albert Masurel part confiant. Les socialistes ne présentent pas de candidat et Gustave Dron bénéficie donc du report des voix ouvrières. Le 19 janvier 1899, il reprend le siège de député.

    Cette même année, le 6 octobre, Victor Hassebroucq meurt à l’âge de 86 ans. Des élections municipales sont donc nécessaires. Le 29 octobre 1899, deux listes s’affrontent : celle du parti ouvrier et celle des républicains. La droite recommande l’abstention. C’est la liste républicaine qui l’emporte. Lors du premier conseil municipal, le 3 novembre 1899, Gustave Dron est élu maire pour la première fois par 29 voix sur 30.

    Le 6 mai 1900, lors des élections municipales la liste alliant radicaux et socialistes est élue dès le premier tour. Gustave Dron est confirmé en tant que premier magistrat de Tourcoing. Il ne souhaite pas se représenter aux cantonales du 31 juillet 1904, et est remplacé par Victor Flament, qui garde le siège aux républicains grâce au retrait du candidat socialiste.

    Les élections législatives de 1906 se déroulent dans un climat passionnel dû au vote et à l’application de la loi de séparation des Églises et de l’État. Gustave Dron se représente dans la 8ème circonscription face au candidat catholique Georges Lenoir et au socialiste Albert Inghels. Au second tour, ce dernier se retire en faveur de Gustave Dron qui emporte le scrutin. La question confessionnelle n’influe donc pas sur son électorat.

    Lors des municipales de 1912, quatre listes s’affrontent : celle de la Solidarité républicaine de Gustave Dron, celle de la Section Française de l’Internationale Ouvrière d’Arthur Pierpont, celle des républicains proportionnalistes et enfin celle des républicains socialistes. C’est la gestion de Gustave Dron qui est le principal objet des critiques de ses adversaires. Il est également accusé de ne pas mettre à jour le registre officiel des délibérations du conseil municipal. Un constat d’huissier du 15 janvier 1912 atteste que le dernier compte rendu date du 18 octobre 1910. L’affaire est portée devant la chambre des députés et le gouvernement. La révocation est même demandée. Gustave Dron reconnaît un retard dans la mise à jour du registre, mais les procès-verbaux sont envoyés à la préfecture régulièrement. Malgré cela, le dimanche 19 mai 1912, il est réélu maire.

    Les rapports avec les socialistes, menés par Arthur Pierpont, sont conflictuels au sein du conseil municipal. Des incidents éclatent entre socialistes et radicaux lors de l’élection des commissions. Lors des législatives de 1914, deux listes concurrentes s’opposent à celle des radicaux : l’une socialiste de la SFIO menée par Albert Inghels, l’autre nationaliste d’Antoine Salvetti, ami de Paul Déroulède. Le 26 avril, il y a ballottage. Bénéficiant de moins d’avance que son adversaire, Gustave Dron se retire et demande à ses électeurs de reporter leurs voix sur Albert Inghels qui est élu le 10 mai. Gustave Dron perd le siège de député qu’il occupait depuis 1889. Mais le 21 juin, il est élu sénateur.

    Au sortir de la guerre, Gustave Dron, fortement éprouvé par les quatre années d’occupation, ne souhaite pas se représenter aux élections municipales. Il désire pouvoir se consacrer à ses œuvres sociales. Il établit lui même la liste à présenter. Elle allie des membres de la Solidarité républicaine  comme François Leduc, des radicaux, des républicains mais aussi des conservateurs modérés comme Alphonse Motte ou Jacques Masurel. Ces derniers ont dû promettre de ne pas remettre en cause la politique municipale en matière de laïcité. En effet, les doyens de Saint-Christophe ne cessent de demander l’abrogation de l’arrêté de 1907 interdisant les processions. Le 10 décembre 1919, François Leduc succède à Gustave Dron comme maire de Tourcoing.

    Le maire

    1899-1919 ; 1925-1930.

    Gustave Dron entre au conseil municipal de Tourcoing en 1884. Il devient maire de la ville en 1899 suite au décès de Victor Hassebroucq. Après l’occupation allemande, épuisé et en mauvaise santé, il ne souhaite plus être maire. Il pense néanmoins pouvoir guider la politique municipale. François Leduc, qui n’entend pas être un maire de façade s’emploie à s’affranchir de la tutelle de son prédécesseur. Rapidement, il affirme son autorité et, avec le soutien du conseil municipal, cherche à mettre en œuvre son propre projet. François Leduc accepte tacitement de laisser la présidence effective des Hospices à Gustave Dron, alors que le poste lui revient en tant que maire.

    En 1921, le budget primitif diminue de 20 000 francs la subvention de la Sauvegarde des nourrissons. Gustave Dron rédige alors une lettre de protestation qui est lue devant le conseil municipal. Les conservateurs demandent que des délégués vérifient si la somme réclamée par la Sauvegarde est justifiée. Après lecture du rapport, le montant initial demandé par Gustave Dron est accepté.

    En 1922, le maire tolère que les prêtres transgressent l’arrêté de 1907 et organisent la procession de la Fête-Dieu. Depuis seize ans, aucun cortège religieux n’a parcouru les rues de Tourcoing. Gustave Dron et les radicaux crient vainement au scandale. Même sur le plan médical, les deux hommes sont en désaccord. Gustave Dron est persuadé du bien-fondé des cures sanatoriales. Pour lui, l’atmosphère de la périphérie tourquennoise est aussi propice que le bord de mer ou la montagne. François Leduc trouve le climat meurtrier. Les deux hommes s’expliquent violemment par voie de presse.

    En février 1924, le maire invite la commission administrative des Hospices à venir s’expliquer sur son budget. Dron est choqué, même si il comprend que la municipalité puisse vouloir des explications. En mars, François Leduc réduit de 80 000 francs les crédits alloués chaque année pour les soins et l’entretien des indigents pris en charge dans les hôpitaux de Tourcoing. Gustave Dron décide de porter l’affaire sur la place publique. En mai, par voie d’affiche, il informe la population que les établissements de soins de la ville n’accepteront plus que les malades munis d’un billet du maire qui s’engage officiellement à supporter les frais.

    Pour les élections municipales de 1925, Gustave Dron décide de reprendre la mairie et compose une liste radicale issue de la Solidarité républicaine. Il est élu maire à nouveau le 17 mai 1925 et le restera jusqu’à sa mort 5 ans plus tard. C’est au cours de son dernier mandat à la tête de la ville de Tourcoing qu’il reçoit à nouveau un président de la République en exercice. Le 4 avril 1927, à 10h30, Gaston Doumergue  arrive de Roubaix par le boulevard Gambetta. À la limite des deux villes, Gustave Dron l’attend et rejoint la voiture présidentielle qui se dirige vers l’usine Masurel qu’ils visitent avec intérêt. Puis le cortège présidentiel traverse la ville pour atteindre l’Hôtel de ville, où il est accueilli par le conseil municipal au complet. Le maire est assez proche du président pour l’appeler familièrement « son bon ami ». Celui-ci l’accompagne pour une visite de l’institut Colbert, du sanatorium et de la ferme de la Bourgogne. À 12h25, Gaston Doumergue reprend le train pour Paris après avoir passé en revue la garde d’honneur du 43ème Régiment d’Infanterie de Lille.

    Le député

    1889-1914

    Il est élu député pour la première fois le 6 octobre 1889. Il est ensuite réélu en 1893, 1898, 1902, 1906, 1910. Il perd son siège en 1914 face à Albert Inghels. Durant ces 25 années, il est si actif qu’il est très difficile de dresser une liste exhaustive de toutes ses activités.

    Il est nommé au sein de plusieurs commissions parlementaires, dont celles :

      - relative à la réglementation du travail,
      - chargée de l'examen du projet et des propositions de loi concernant la santé et l'hygiène publiques,
      - chargée de l'examen du projet et des propositions de loi concernant la liberté d'association,

    Il est élu président de la commission d’enquête sur les mines et de celle sur l’industrie textile.

    Il est l’auteur de plusieurs propositions de loi sur la responsabilité des accidents du travail et le repos obligatoire des femmes (1892), la réglementation du travail des adultes dans les établissements industriels (1902), l’organisation de la police municipale (1906), la réorganisation de la police rurale (1906), sur l'incessibilité et l'insaisissabilité des salaires, gages, appointements et petits traitements (1908) et sur l'organisation de l'apprentissage (1909). Il est nommé rapporteur de sa proposition de loi et de celle d’Émile Brousse concernant l’interdiction du travail industriel aux accouchées (1892). Il défend activement le projet de loi sur le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels (1890, 1891, 1892). Il soutient le projet de loi relatif à l'établissement du tarif général des douanes (1891), la proposition de loi sur les règlements d'ateliers (1892), l'organisation de l'assurance obligatoire (1893), les propositions de loi sur l'exercice de la pharmacie (1893), la résolution concernant l'impôt général sur le revenu (1896), les propositions de loi concernant la responsabilité des accidents de travail (1897-1901), la durée de la journée de travail dans les mines (1905), la modification du régime des aliénés (1907). Il interpelle le gouvernement sur les agissements de l'association professionnelle des patrons du Nord et de la congrégation de Notre-Dame de l'Usine (1892). Il est élu vice-président de la Chambre des députés de 1900 à 1902.

    Le sénateur

    1914-1930

    Il est élu sénateur pour la première fois le 21 juin 1914. Il est réélu le 11 janvier 1920, puis le 6 janvier 1924. Il décède en fonction le 17 août 1930.

    La loi du 14 février 1874, modifiée le 10 décembre 1884, crée le Sénat de la IIIème République. Il se compose de 300 membres élus par les départements et les colonies et dispose de pouvoirs identiques à ceux de la Chambre des députés. Le mandat est de neuf ans renouvelable par tiers tous les trois ans. Dans chaque département, les sénateurs sont élus par un collège électoral lui-même formé d'élus de la circonscription : députés, conseillers généraux, conseillers municipaux, élus du suffrage universel et appelés grands électeurs. Les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect. Il y a huit sénateurs pour le Nord.

    Élu en juin 1914, Gustave Dron choisit de ne pas quitter Tourcoing pendant toute la durée de l'occupation allemande pour y mieux défendre ses concitoyens. Soupçonné d’espionnage, il est emprisonné. Sitôt libéré, il se rend à Paris où, le 21 novembre 1918, le Sénat l'acclame debout à son entrée dans l'hémicycle avec Georges Ermant, sénateur de l’Aisne également arrêté. Il exprime sa gratitude en répondant à l'allocution du président Antonin Dubost : « […] Messieurs, je ne saurais trop remercier notre cher président des paroles éloquentes par lesquelles il vient de saluer mon retour et me souhaiter la bienvenue dans cette Assemblée où je retrouve tant d'amitiés contractées au cours d'une carrière parlementaire déjà longue. Je suis très sensible, mes chers collègues à l'accueil chaleureux et émouvant que vous me faites et qui aura son retentissement dans cette région du Nord si éprouvée par quatre années de privations et de misères courageusement supportées [...] ».

    Gustave Dron participe à la ratification du traité de Versailles, qui constitue le premier acte important auquel il peut participer en tant que sénateur. Les élections de 1919 donnent la majorité aux radicaux. Jusqu’en 1920, Gustave Dron s’occupe principalement des questions concernant les départements libérés. Le 27 juillet 1920, il dépose une proposition de loi visant à encourager la création de consultations de nourrissons. De 1921 à 1923, il dépose plusieurs rapports, au nom de la Commission de l'hygiène, de l'assistance, de l'assurance et de la prévoyance sociales. Entre 1924 et 1926, il s’investit au sujet du renvoi à la Commission de l'hygiène, de l'assurance, de l'assistance et de la prévoyance sociales du projet de loi portant modification de la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés. Il dépose également une proposition de loi relative à l'avancement sur place des juges de paix. Il consacre les dernières années de son mandat à la mise au point d’une loi sur les assurances sociales.

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