Antiquité
Des fouilles archéologiques ont montré que l’on
filait et tissait ici il y a 20 siècles.
14ème siècle
Tourcoing participe au développement de la " Nouvelle
Draperie "
1360
Un " scel de draperie
" est accordé aux Tourquennois, la fabrication est
réglementée.
14ème et 15ème
siècles
Les draps de Tourcoing sont vendus à Bruges aux marchands
de la Hanse, on les retrouve en Allemagne, Lituanie,
Pologne, Russie...
1491
Une charte autorisant une Franche Foire est octroyée
par Maximilien d’Autriche
16ème siècle
Tourcoing devient une ville atelier,
les 2 500 habitants du début du siècle sont plus de
10 000 vers 1600, nombre d’entre eux sont déjà spécialisés
dans le peignage de la laine.
17ème et 18ème
siècles
La ville atelier est généralement prospère mais ces
deux siècles voient alterner avec Lille, crises et équilibres
fragiles. Tout va bien lorsque les peigneurs et les
fileurs travaillent pour les tisserands de Lille mais
les tisserands tourquennois sont considérés comme des
rivaux. Lille prétend se réserver l’exclusivité de la
sayetterie (les tissus de pure laine) et parfois même
de tout le tissage. Les procès se traduisent parfois
pour Tourcoing par la disparition de ses métiers mais
les interdictions sont faites pour être tournées, stimulantes,
elles permettent l’invention de nouveaux types de tissus,
ils sont ou de qualité médiocre (molleton) ou au contraire
de très grande qualité, velours, damas soie et laine.
1777
Publication d’un arrêt accordant aux habitants de la
campagne, la liberté de filer, tisser ou apprêter toutes
sortes de tissus. A la veille de la Révolution, selon
J.E Van den Driessche, Tourcoing produisait 1300 tonnes
de laine peignée par an, la moitié était expédiée par
roulage à Paris, Rouen, Arras, Amiens, Montdidier, principalement
pour les fabriques de bas. Cette industrie occupait
environ 1600 ouvriers qui parfois s’unissaient à cinq
ou six, sous la direction, d’un maître–peigneur. Un
peigneur travaillait 21 kilos de laine à la semaine.
Un mois de chômage survenait chaque année entre l’intervalle
des vieilles et des nouvelles laines.
La laine était ensuite filée. Tourcoing faisait surtout
commerce avec l’Angleterre de fil ras pour le tissu
uni, et en expédiait beaucoup à l’intérieur du pays,
principalement à Amiens. Tourcoing faisait aussi un
fil retors qui servait aux passementiers. Il était utilisé
par la Manufacture des Gobelins et on l’envoyait en
Hollande, à Saint Amand, Lecelles, Rumegies. Une partie
de cette laine filée après avoir subi les manipulations
des redoubleuses, bobineuses, retordeuses, était tissée
à Tourcoing. Les étoffes étaient des tissus communs,
ras ou tricot calmouch, calmande, molleton. Il y avait
à Tourcoing en 1789 : 360 métiers à tisser le molleton
occupant chacun six ouvriers et 120 métiers à tisser
la calmande. Les étoffes étaient expédiées en Bourgogne,
en Champagne, en Normandie, en Picardie, en Limousin,
en Provence, en Belgique et en Hollande.
Début du 19ème
siècle
Les premières machines arrivent d’Angleterre, les Mull
Jenny, d’abord utilisées pour filer le coton, elles
seront plus tard adaptées pour filer la laine, l’énergie
est fournie par des manèges à chevaux et après 1830
par des machines à vapeur.
1852
Installation du premier peignage mécanique, les
tissages commencent à se mécaniser à partir des années
1860. Le travail à domicile fait place aux ateliers dont les dimensions s’accroissent,
ils deviennent de gigantesques entreprises, l’usine
Réquillart, Roussel et Chocqueel emploie plus de mille
ouvriers en 1867.
A partir de 1860, le négoce de la laine prend une importance
considérable, les maisons de
commerce créent des comptoirs en Amérique du Sud
puis en Australie, Nouvelle Zélande et Afrique du Sud.
1906
L’Exposition Internationale vient couronner un siècle
de développement industriel. Pour Roubaix – Tourcoing,
la croissance a été exponentielle. Les entreprises totalisent
pour la laine 1600 machines à peigner, plus de 800 000
broches en continu et plus de 200 000 à retordre, plus
de 2 600 métiers à tisser.
1914 – 1918
Les usines ont été méthodiquement pillées mais la remise
en route est assez rapide, la plupart fonctionnent parfaitement
dès 1920. On observe un mouvement de concentration,
beaucoup de petites entreprises disparaissent alors
que surgissent de gigantesques établissements installés
sur plusieurs hectares. Le niveau de production d’avant–guerre
est retrouvé dès 1922.
1930 – 1931
Lorsque la dépression aborde l’Europe, Tourcoing compte
une centaine de maisons de négoce, 54 triages (1100
ouvriers), 9 lavages (500 ouvriers), 14 peignages (6400
ouvriers), 34 filatures de laines peignées (10 000 ouvriers),
6 filatures de laine cardée (600 ouvriers), 25 retorderies
(3150 ouvriers), 27 manufactures de bonneterie (3900
ouvriers), 18 fabriques de tissus (8200 ouvriers), 14
teintureries et usines d’apprêts (2100 ouvriers) et
25 fabriques de tapis (5480 ouvriers).
1931 – 1951
Les maître–mots de la période sont " concentration imposée
" : d’abord par la récession économique qui touche dès
1931 et durablement l’industrie de la laine (particulièrement
la laine filée). Puis la seconde guerre mondiale : l’occupation
allemande se traduisant par des prélèvements et l’impossibilité
de se procurer les matières premières. Enfin avec l’internationalisation
de l’économie, au sortir de la guerre.
Depuis 1951
A l’aube des années 1950, suite à une modernisation
des techniques, les effectifs ne sont certes plus ce
qu’ils étaient avant guerre, malgré tout, à Roubaix
et Tourcoing, 70% des emplois relèvent toujours de l’activité
textile et le Nord–Pas–de–Calais assure encore 80 à
85% de la production lainière française.
L’automatisation et la pression du marché impliquent
des rythmes sans cesse plus soutenus. La productivité
est devenue un maître mot dans les ateliers et les primes
de rendements font partie intégrante des salaires ouvriers.
Les conditions de travail restent rudes, en effet, température
et humidité élevées restent toujours indispensables.
Sur fond de mondialisation, les années de crise ont
progressivement multiplié les fermetures d’usines ,
suppressions d’emplois et plans nationaux de soutien
: en l’espace de trente ans, le textile a perdu les
trois quarts de ses effectifs. La décennie des années
80 a été dominée par de vastes manouvres financières
qui modifièrent sensiblement le paysage textile et transformèrent
cette industrie en branche hautement capitalistique.
C’est alors que les grands empires familiaux se sont
étiolés les uns après les autres tout en générant des
réussites exceptionnelles dans la VPC (La Redoute dès
1919, Les 3 Suisses, La Blanche Porte en 1921.), la
laine à tricoter (Phildar, Pingouin.) ou encore la grande
distribution.
Les pertes d’emplois ont été accompagnées de fermetures
d’entreprises. Il n’est pas rare de voir des usines
vides, bâtiments de briques noircis par le temps, dans
le paysage nordiste. Certains édifices qui, on peut
le dire, font partie du patrimoine (architecture, histoire)
ont déjà bénéficié d’une reconversion . Ainsi, la filature Vandenberghe–Desurmont est devenue une antenne universitaire de Lille 3 (IUT
B rue Sainte Barbe ) à Tourcoing, la filature Motte–Bossut
à l’entrée de Roubaix abrite désormais le Centre National
des Archives du Monde du Travail et les services d’Eurotéléport,
l’ancienne usine Prouvost – Masurel à Fourmies a été
reconvertie en écomusée. En ce début de XXIème siècle,
le secteur porteur d’avenir est le textile dit " technique
". Conçus pour être hautement performants dans leur
domaine d’application, on trouve déjà ces textiles,
souvent associés à des résines dans les domaines aussi
divers que l’agriculture (culture hors sol), le bâtiment
(poutres légères à longue portée), la chirurgie ( prothèses
osseuses) ou le sport( voiles, cordages, skis, cadres
de vélos.). Le textile nordiste du troisième millénaire
est une histoire qui se poursuit. |