Dès le milieu du XIXème siècle, les piscines sont
mixtes mais proposent des créneaux horaires particuliers
"hommes" ou "femmes". En effet, le port du maillot n’est–il
pas jugé provocateur à une époque où la seule vue d’un
mollet fait frémir ? Mais la seule clientèle féminine
n’est pas suffisante pour être rentable financièrement.
Aussi, la mixité sera assez vite tolérée dans le bain
dans le cadre du loisir mais l’entraînement dans le
cadre du club ou la pratique dans le cadre scolaire
se feront à des moments différents.
Si l’on juge la natation accessible et favorable à
la femme, au début du XXème siècle, on a du mal à admettre
qu’elle puisse nager dans un but de performance. En
effet, certains journalistes déclarent par exemple que
le corps de la femme n’est pas construit pour les mouvements
violents du crawl. Pourtant de nombreuses femmes vont
s’illustrer dans ce sport. Le projet de section féminine
à Tourcoing remonte à 1910 mais sa création officielle
date de 1919. Très vite, des Tourquennoises comme Ernestine
LEBRUN et ses deux soeurs Marcelle et Louise s’illustreront
et s’inscriront par là même dans le mouvement à visées
émancipatrices et revendicatrices.
Si l’activité féministe française du début du siècle
se caractérise par sa politisation modérée et une focalisation
sur la condition ouvrière surtout à Tourcoing (pour
s’affranchir de la tutelle de l’homme, la femme doit
gagner sa vie), la pratique de la natation sportive
par les femmes contribuera à une réelle émancipation.
Du rôle de mère et d’épouse, en passant par celui d’ouvrière,
la nageuse sportive deviendra une véritable "sportwomen"
qui attirera d’ailleurs les foules les jours de compétition.