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Plâtre de Gustave Dron
La ferme de la Bourgogne
Jardins des mères de Jean–René Nys |
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Cette affiche présente les règlements d’organisation de la Sauvegarde des Nourrissons mise en place par le bureau de Bienfaisance en 1904, dans le but de lutter contre la mortalité infantile qui constituait un véritable fléau encore au début du XX ème siècle.
Gustave Dron était médecin de formation avant de se lancer dans une carrière politique. Alors maire de Tourcoing à partir de 1899, il fut à l’origine d’une vaste politique sociale, notamment en direction des enfants de Tourcoing. Alerté par la mortalité infantile d’une ville industrielle, il va faire de sa ville, le théâtre d’une politique sociale d’envergure. A sa mort, en 1930, la municipalité qui lui succède prend la décision d’ériger un monument qui témoignerait de ses œuvres sociales. Ce plâtre d’études ( vue générale ci–dessous et détails du bas–relief en médaillon ) a servi de modèle au monument situé à l’entrée de l’avenue Gustave Dron. Le bas–relief central met l’accent sur la politique de protection de l’enfance à Tourcoing
La peinture présentée met en scène Gustave Dron au travail dans son bureau. On doit cette peinture à Georges Dilly, né à Lille en 1876, qui fut élève de Bonnat, Gervais et de Winter. Il figure au salon des Artistes Français dont il devient sociétaire en 1903. Georges Dilly signe ce tableau en 1932.
Cette ferme, laiterie scientifique, est créée en 1900 pour remédier à la qualité déplorable du lait, dont la pollution entraînait durant les mois d’été plus d’une centaine de cas de gastro–entérite mortelle. Les étables pouvaient accueillir 100 vaches qui étaient maintenues dans un parfait état de propreté.
Le cycle du lait commence par la traite dès 6 Heures du matin. Les bidons et appareils sont soigneusement stérilisés. La production de chaque bête est recueillie puis pesée pour dresser le graphique de sa lactation.
Le lait est filtré puis immédiatement réfrigéré de + 30° à + 3° pour empêcher le développement de tout germe. Maintenu à l’abri de l’air, il est ensuite réparti par des soutireuses automatiques dans les flacons, ou des biberons (voir photo) dosés suivant l’âge du nourrisson.
Dans ce cycle accéléré, demandant dix minutes à peine de la mamelle à la bouteille, le lait livré est de bonne qualité.
Les micro–biberons sont ensuite livrés dans les 36 dépôts grâce aux voitures hippomobiles afin d’éviter de précieuses pertes de temps aux mamans.
Le problème de l’alimentation du nourrisson est réduit à sa plus simple expression. A l’heure du repas, le biberon est simplement tiédi, décapsulé puis pourvu d’une tétine bouillie.
Le problème du lait est capital pour l’enfant. Sa solution à Tourcoing a fait disparaître la gastro–entérite en 1935, qui avait été responsable de 140 décès d’enfants en 1900.
Onze jardins des mères sont aménagés pour permettre aux mamans de faire faire une cure d’air à leurs petits qu’elles aguerrissent contre les changements de température du climat nordique, responsable en hiver de tant d’affections broncho–pulmonaires sévères. Pour encourager la fréquentation régulière de ces jardins, il est attribué aux mères les plus assidues des primes particulièrement appréciées, sous forme de couvertures, de draps, de layettes et de berceaux.
Une affiche présentée dans les bureaux de bienfaisance résumait l’objectif de la création de ces jardins :
« Une nouvelle mode lance les jardins d’enfants comme innovation importée d’Amérique. Nous nous en tiendrons à notre formule « le jardin des mères » qui a subi l’épreuve du temps et se prête, sans décor théâtral mais sans frais pour ainsi dire, au rassemblement dans de grands jardins appropriés des mères, de leurs nouveau–nés accompagnés parfois d’un ou deux enfants plus âgés.
Déjà, en 1925, on entreprit de lutter contre la si meurtrière broncho–pneumonie des enfants et de les aguerrir contre les changements de température (…) pendant les cinq mois de bonne saison, l’après–midi, les enfants ont une provision d’air pur, bientôt leur teint devient hâlé, tranchant avec l’aspect de langueur qu’ils présentent souvent après l’hiver. C’est en petit la répétition de ce qui se passe à la mer pour les enfants des familles bourgeoises. Les dépenses supportées pour les primes par la Sauvegarde des Nourrissons et pour le goûter par son associé, le Bureau des Ecoles, s’élèvent à 60 000 francs ; mais la provision de santé et de robustesse faite par les 400 enfants en moyenne qui fréquentent les jardins vaut bien cela. »
Ces jardins des mères ont inspiré les peintres locaux, comme ce tableau que l’on doit à Jean–René Nys. |