Depuis 1884, la censure est du ressort des municipalités.
Elles seules jugent des pièces de théâtre qu’il convient
de jouer dans leur ville.
Au début du XXème siècle, les mairies progressistes
doivent faire face à de fortes pressions locales. Une
partie de l’opinion catholique s’émeut de certains spectacles
"inconvenants et dangereux" pour la moralité publique. Le théâtre de
Tourcoing n’échappe pas aux critiques. Des commerçants
n’osent y mettre les pieds de peur de perdre leur clientèle.
Le 14 avril 1904, la tournée Martini fait étape à
Tourcoing pur y donner une représentation de "La bonne
à tout faire". Cette comédie de mours, qui montre les
dessous et les vices de la société bourgeoise est d’un
genre très satirique et comporte de nombreuses scènes
brutales. Le public rit franchement ou serre les dents.
Quelques jours avant la représentation, la "Société
centrale de protestation contre la licence des rues"
adresse un courrier à la mairie. L’association s’inquiète
vivement de la programmation de "La bonne à tout faire"
et demande son interdiction. Déjà plusieurs communes
ont suivi l’exemple.