La natation a toujours fait partie des panoplies des
stratégies militaires. Les fantassins peuvent en effet
l’utiliser pour augmenter leurs possibilités de déplacement,
tant en attaque pour surprendre l’adversaire qu’en phase
de repli ou de défense. De nombreux récits de bataille
relatent soit des défaites dues à la noyade d’armées
entières soit de victoires obtenues grâce à l’utilisation
de pelotons spécifiques de soldats nageurs. Son utilité
est encore plus évidente pour les corps de marine.
Parallèlement aux aspects stratégiques, s’ajoutent
des vertus hygiéniques qui permettent une amélioration
de la santé des soldats.
Mettre enfin le soldat dans des conditions d’affrontement
avec le milieu aquatique (vagues, courant, herbes, eaux
opaques, etc.) permet de développer la vigueur, l’agilité
et le cran.
Aussi, depuis le milieu du XVIIIème siècle les écoles
militaires l’incluent dans leurs programmes de formation.
C’est surtout le Vicomte de COURTIVRON (Capitaine du
6ème régiment d’infanterie de la Garde Royale) qui par
son fameux ouvrage intitulé "L’art de nager et son application
à l’art de la guerre" va doter l’armée d’un outil pédagogique
pour le plus grand nombre. L’enseignement de la natation
permet aussi au–delà de visées stratégiques et hygiéniques
de poursuivre des objectifs disciplinaires. L’apprentissage
de la natation à sec (debout, sur un banc, sur un chevalet,
etc. sur le Natateur de LE CHEVALIER) devient un exercice
de gymnastique que l’on exécute collectivement selon
des ordres stricts.
Il faut rappeler que ce sont les sociétés de gymnastique,
de tir et de préparation militaire (souvent avec l’appui
des autorités civiles et militaires) incluant la natation
qui seront à la base en grande partie du fonctionnement
associatif (loi de 1901) des clubs (hiérarchie, drapeaux,
chants, tenues vestimentaires identiques, règlement
interne, abnégation individuelle au profit du collectif,.).
Enfin, si l’apprentissage de la natation a toujours
été inclus dans les programmes de l’armée, c’est à partir
d’un décret du 24 juin 1879 que la natation fera partie
officiellement des programmes militaires mais aussi
scolaires.