MODE NORMAL

Cinéma du Portugal : unique et multiple


Même s’il ne peut se comparer économiquement à ses voisins européens, le cinéma portugais existe et il est l’un de ceux qui résistent le mieux à l’uniformisation. Théâtral, radical, poétique ou trivial, ce cinéma produit par quelques irréductibles se situe hors des circuits touristiques, dans un Portugal contemporain, sombre et solaire à la fois.

Nos fictions sont classés par ordre alphabétique de titre.

A Cançao de Lisboa
de Cottinelli Telmo
(1933)

Premier film parlant portugais, cette comédie connut un énorme succès dans toute la communauté lusophone et fit le succès des studios Tobis. Mélange réussi de musique et d’étude de caractères typiquement portugais, ce divertissement d’époque s’offre même la présence d’un tout jeune Manoel de Oliveira en dandy lisboète.

 

A Cancao de Lisboa Telmo

Belarmino

Belarmino(1964),
puis Une abeille sous la pluie (1972)
de Fernando Lopes

Presque 10 ans séparent ces deux films (1964 – 1972) mais un même regard original et un souci aigu de vérité les distinguent. Influencé par le cinéma-vérité britannique, Lopès réalise avec « Belarmino » un portrait documentaire magnifique autour du boxeur déchu Belarmino Fragoso, digne du « Muhammed Ali the greatest » de William Klein ou du « When we were kings » de Leon Gast. Déambulation nocturne dans Lisbonne, confession d’un « enfant du peuple » sur sa carrière, le milieu, les femmes entre critique sociale et forfanterie sympathique. L’ensemble serti dans un noir et blanc magnifique.
Le second « Une abeille sous la pluie » est l’adaptation d’un livre éponyme de Carlos de Oliveira. Cette œuvre naturaliste, influencée par la nouvelle vague française, dépeint un Portugal rural et pauvre, sclérosé dans une société oppressante où même les relations conjugales se délitent.
Le cinéma de Fernando Lopès, avant la révolution des œillets, marque une rupture avec celui, inoffensif, soutenu par le régime salazariste : critique sociale et recherche formelle, deux aspects de ce cinema novo, annoncent la liberté créatrice du cinéma contemporain.
Egalement du même réalisateur O delfim

 

Souvenirs de la maison jaune (1989)
La comédie de Dieu (2002),
Va et vient (2009),
de Joao César Monteiro

Silhouette essentielle du cinéma portugais, les films de ce grand iconoclaste ne ressemblent qu’à eux-mêmes : Monteiro et son double de cinéma (« Jean de dieu ») sont des libres-penseurs, érotomanes et philosophes. Monteiro déambule dans Lisbonne, corps hiératique et malade, oppose à l’ordre social la subversion du désir de l’homme pour la femme. Chaplin, Keaton, Tati et Monteiro.

 

Souvenir de la maison jaune Monteiro
La comédie de Dieu Monteiro
Va et vient Monteiro


Dans la chambre de Vanda  

Ossos (1997)
Dans la chambre de Vanda (2000)
de Pedro Costa

Loin du Lisbonne de carte postale et près de la vérité, Pedro Costa filme la vie d’un quartier misérable, Fonteinhas. Deux films, une fiction et un documentaire, qui plongent le spectateur dans un quotidien qu’il ne veut plus voir : la misère, la drogue et la mort. Regard inconfortable donc mais indispensable tant ce cinéma nous fait toucher l’humanité de ces destins fracassés. Même malmené, on reste hypnotisé. Sans doute la grâce.

 

Lisbon story
de Wim Wenders
(1994)

Un ingénieur du son quitte Berlin pour Lisbonne où il doit sonoriser les images d’un ami cinéaste. Ce dernier introuvable, il décide de capter les sons de la capitale. Lisbonne vu par l’un des réalisateurs les plus voyageurs du cinéma européen. Et cette escale régénère le travail du cinéaste allemand ,tournage léger et aventureux, qui capte parfois l’esprit lisboète (Oliveira, Madredeus) mais qui cède aussi aux clichés carte postale.

 

Lisbon story Wenders

Trafico Botelho

Trafico
de Joao Botelho
(1998)

Suite de saynètes surréalistes où le récit linéaire est exclu au profit d’un fourmillement intense de propos et d’images. Trafics en tout genre (argent, statuettes religieuses…),détournement des clichés, théorie improbable sur l’origine de la saudade (mélancolie si portugaise), Botelho prône un anarchisme joyeux, entre Bunuel et Godard.

 

O Fantasma (2000)
Odete (2005)
Mourir comme un homme (2009)
de Joao Pedro Rodrigues

En trois films, Joao Pedro Rodrigues a marqué durablement le cinéma européen. Cinéaste de la marge, il magnifie ses sujets underground : un éboueur érotomane, une femme enceinte d’un défunt ou un transsexuel à l’agonie. Ces œuvres radicales peuvent dérouter mais elles témoignent d’une audace artistique qui trace un chemin inédit entre romantisme et identité sexuelle et le place en héritier lusitanien de Douglas Sirk ou Rainer Fassbinder.

 

O Fantasma Rodrigues
Odete
Mourir comme un homme

Gomes

Ce cher mois d’août (2000)
de Miguel Gomes
(2008)

Film inclassable plébiscité par la presse et le public français, cette drôle d’histoire d’amour contrarié, de tournage impossible a un charme fou. L’été portugais, la campagne et ses vacanciers sont le théâtre d’un mélodrame amoureux où acteurs non professionnels interprètent plusieurs rôles, où le réel côtoie la fiction dans un esprit libre proche de l’univers du cinéaste français Jacques Rozier. Hors convention, « Ce cher mois d’août » vise pourtant juste.

 

Les mystères de Lisbonne
de Raoul Ruiz
(2011)

Quand l’onirisme du célèbre réalisateur chilien transcende le roman fleuve de Camilo Castelo Branco (le Balzac portugais), cela donne un chef d’œuvre de syncrétisme : film historique, fantastique, film de guerre, mélodrame, polar…Le spectateur pourrait se perdre dans ces dédales narratifs et temporels, pourtant il n’en est rien ; l’on suit, émerveillé, les destins d’un orphelin, d’un ecclésiastique justicier, d’un milliardaire mystérieux, d’une aristocrate vengeresse…

 

Les mysteres de Lisbonne Ruiz

li ke terra

Li ké terra
de Filipa Reis, Joao Miller Guerra et Nuno Baptista
(2010)

Le cinéma documentaire au Portugal est rare et Li ké terra est une exception à découvrir tant son sujet trouve un écho dans nos sociétés contemporaines. Miguel et Ruben, sans papiers, appartiennent à la seconde génération d’immigrés cap-verdiens et peinent à se construire. Les trois réalisateurs les suivent dans leur quotidien, remontent le fil de leur enfance et pointent l’incohérence d’une situation qui maintient ces jeunes hommes dans un suspens identitaire.

 

 

Introduction
Zoom sur ...
Documentaires adultes
Romans, récits et BD
En version originale
Cinéma du Portugal : unique et multiple
Discographie : un tour d'horizon musical
Jeunesse : il était une fois le Portugal
Sitothèque : le Portugal tisse sa toile